De la vapeur au vélo:
Le guide du canal de Lachine,
Association les Mil Lieues et Parcs Canada, 1986
(épuisé).
Justine Lacoste-Beaubien: Au secours des enfants malades,
Montréal, collection Les Grandes Figures, XYZ
éditeur, 2002.
Extrait
Cette nuit-là, le 26 novembre 1907, la nuit après la
visite du Dr Levasseur, Justine n’a aucune envie de
dormir. Il lui semble qu’elle n’a fait que ça depuis des
lustres ! Lorsqu’elle cousait pour les pauvres ou qu’elle
visitait les femmes de la
Crèche
de la Miséricorde avec sa mère, son corps exécutait tous les
gestes nécessaires, mais son cœur restait froid, sur ses gardes.
Mais cette nuit, les écluses de son âme se sont ouvertes d’un
coup. L’affection débordante qu’elle a dans le cœur et qu’elle
croyait ne pouvoir donner qu’à ses propres enfants, elle la
répandra sur tous ces petits êtres qui souffrent et pour qui
elle organisera un merveilleux refuge !
Elle songe
aux mots de Louis, la veille au souper, lui promettant toute
l’aide qu’il lui sera possible de donner, mais la prévenant,
d’une même envolée, qu’elle aura à vaincre de nombreuses
difficultés. Elle le sait : à trente ans, elle a assez vécu pour
envisager clairement les obstacles sur sa route. Comme toutes
les présidentes d’œuvres charitables de la province, il lui
faudra solliciter des dons. Mais il lui faudra aussi organiser
le fonctionnement de l’hôpital et obtenir l’appui de Mgr
Bruchési, archevêque de Montréal… Justine appartient à une
famille bien en vue et proche des autorités ecclésiastiques.
Mais l’épiscopat canadien se méfie des filles Lacoste et en
particulier de Marie Gérin-Lajoie, bonne catholique mais trop
préoccupée par l’avancement des femmes !
Tandis que
les heures de la nuit s’égrènent lentement, Justine se sent
envahie d’une foi inébranlable. Non seulement le parcours de sa
propre vie s’éclaire nettement, tel un chemin bien droit
s’élançant vers l’avenir, mais elle se sait entourée de tant de
personnes pouvant l’appuyer dans sa démarche ! Sa mère, qui
œuvre depuis longtemps déjà auprès des malades de l’Hôtel-Dieu
de Montréal et qui connaît tous les personnages influents de la
province ; Marie, justement, convaincue que les femmes doivent
travailler au mieux-être de la société ; et tous les autres,
frères et sœurs, belles-sœurs, et les amies…
Les amies ?
La première chose à faire est de constituer un comité pour
fonder l’hôpital. Il faudra qu’elle en parle à tout le monde
autour d’elle. En comité, elles réussiront sûrement à trouver
une petite maison pour loger l’hôpital. Après tout, elles ont
presque trois cents dollars en banque ! Il faudra ensuite faire
un appel au public pour les meubles, la literie, la nourriture.
Page web chez Éditions XYZ
Quartiers ouvriers d’autrefois, 1850-1950,
Québec, Les Publications du Québec, collection Aux
limites de la mémoire, 2004.
Nous ne connaissons pas
grand-chose de la vie quotidienne dans les quartiers ouvriers avant la
Seconde Guerre mondiale. Nous ignorons presque tout des stratégies
employées par leurs habitants pour améliorer leurs conditions de vie,
comme nous n’avons qu’une piètre idée de la
diversité et de l’originalité de leurs expériences. Comment exactement
mangeaient-ils, s’amusaient-ils et se voisinaient-ils? Comment
réagissaient-ils aux frustrations de leur existence? Leur quotidien
devait aussi être fait de rires et de petites et grandes victoires sur
l’adversité...
L’histoire des populations
urbaines est un véritables coffre aux trésors, encore trop peu exploré.
Au Québec, ce n’est que récemment, depuis peut-être un quart de siècle,
qu’une nouvelle génération d’historiens et d’historiennes s’intéresse de
près à l’histoire sociale des villes. Néanmoins, déjà, les travaux de
ces chercheurs permettent de nuancer le portrait plutôt sombre que nous
ont légué les réformistes du tournant du 20e siècle.
Une chose est sûre : la vie de tous
ces gens, qu’ils aient été travailleurs spécialisés, commerçants, mères
de famille ou manœuvre sur les chantiers, était presque entièrement
dévolue au travail. Non seulement s’échinaient-ils à l’ouvrage, mais
c’était la plupart du temps dans un environnement industriel ou
domestique sur lequel ils n’avaient quasiment aucun contrôle. Les
ouvriers ne pouvaient ralentir les machines. Les mères de famille
devaient se contenter d’une eau de qualité médiocre et accepter que
leurs enfants aient uniquement la ruelle comme terrain de jeu.
Depuis les
années 1960, plusieurs des « voisinages » ouvriers qui se sont
construits pendant la grande période d’urbanisation ont disparu, et
d’autres ont été modifiés. Ils ont abrité en leur sein une vie intense,
parfois difficile, que l’on perçoit souvent au détour des photographies
« officielles » de manufactures nouvellement construites, de machines
spectaculaires ou de commerces faisant étalage de leur prospérité. Ces
photographies racontent à merveille cette période fascinante et
extrêmement riche de notre histoire, celle de la révolution
industrielle.
Page
web aux Publications du Québec
Femmes de lumière: Les religieuses québécoises avant la Révolution
tranquille,
Montréal, Fides, 2007.
En un siècle et demi, les « bonnes
sœurs » ont bâti un immense réseau de services sociaux, instruisant les
enfants, soignant les malades, prenant en charge handicapés et personnes
âgées, filles-mères et itinérants… Elles ont créé, développé et soutenu
des centaines
d’œuvres
où les laïcs n’ont joué qu’un rôle d’appoint. Même les moniales
répondaient à d’innombrables demandes de prières et assumaient, en
quelque sorte, un rôle « d’écoutantes ».
Depuis la
Révolution tranquille, ce monde d’une ampleur insoupçonnée a été
recouvert par la poussière de l’oubli. En ce début de 21e
siècle où chacune a un vaste éventail de choix, la prolifération des
vocations religieuses est inconcevable. Mais il suffit de remonter un
demi-siècle en arrière pour constater à quel point la société était
radicalement différente.
Les
communautés ont joué un rôle social de premier plan. Dans une société où
l’existence des femmes comportait une trop grande part d’incertitude et
de dépendance, elles ont assuré à leurs membres une confortable
sécurité, leur garantissant un gîte et un couvert jusqu’à la fin de
leurs jours. Elles ont ensuite permis à quantité de femmes de laisser
libre cours à leur créativité et à leur dynamisme, et elles en ont fait
profiter la société québécoise toute entière.
Ainsi
replacée dans son contexte historique, l’attrait de la vie religieuse
acquiert une toute autre dimension. En se consacrant au service de Dieu,
les religieuses ont bénéficié d’un espace élargi pour s’épanouir
personnellement et professionnellement. Mais chaque médaille a son
revers. L’idéal de sainteté exigé des religieuses ne convenait
certainement pas à un si grand nombre. Au lieu de constituer
l’exception, l’ascèse religieuse est presque devenue la norme, ou du
moins, un modèle convenant au plus grand nombre.
Page
web aux Éditions Fides
Les années pieuses,
1860-1970,
Québec, Les
Publications du Québec, collection Aux limites de la mémoire, 2007.
Submergés par les valeurs morales
de la toute puissante religion catholique romaine, les Canadiens
français ont longtemps vécu sous un véritable régime de terreur fondé
sur la peur du péché et de l’enfer. Avec la complicité du gouvernement
civil,
en s’appuyant sur une puissante imagerie et un cérémonial grandiose, la
Hiérarchie ecclésiastique a régné sans partage sur les âmes pieuses de
la province. À l’aide de nombreuses photographies, cet ouvrage illustre
les divers aspects d’une société jadis régie par un dogme et des
coutumes imposées par un Dieu omniprésent.
Au Québec
français, le catholicisme n’était pas une conviction personnelle, une
foi intime fort louable en des valeurs d’amour et de partage, mais une
croyance officielle qu’il était périlleux de défier. Jusqu’à l’avènement
de la Révolution tranquille, les différentes étapes de l’existence, de
la naissance à la mort, étaient ponctuées de rites religieux
saisissants. Même les institutions de la province ont amplifié cette
présence du sacré et c’est la vie publique d’un peuple tout entier qui
en a été imprégnée.
Ces images
évoqueront, pour plusieurs d’entre vous, un passé heureusement révolu;
pour d’autres, c’est la nostalgie qui prévaudra. De leur côté, les plus
jeunes découvriront un Québec qu’ils n’ont pas connu et qu’ils auront
même de la difficulté à imaginer! Pour le meilleur et pour le pire, cet
aspect crucial de notre histoire fait partie de notre inconscient
collectif. Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit : ainsi fut-il.
Page web aux Publications du Québec
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