Les accoucheuses
-1: La fierté -
-2: La révolte -
-3: La déroute -

Histoire inédite des Patriotes

Le pays insoumis

Les tuques bleues

Autres roman et nouvelles

Gratien Gélinas

Marie Gérin-Lajoie

Études historiques

 

À lire:
Jasettes archivées

 

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Anne-Marie vous pique une jasette…

Combattre les privilèges, le despotisme et l’arrogance : voilà le féminisme tel qu’il s’est construit au cours des derniers siècles du second millénaire de notre ère. Le féminisme est un combat collectif pour la justice sociale, l’équité et la dignité, au même titre que celui mené par certaines classes d’hommes afin d’affirmer l’égalité intrinsèque de chacun d’entre eux. Ces hommes remettaient en question les privilèges que s’étaient arrogés des mâles regroupés en castes fermées, des apanages qui leur donnaient le droit de régner arbitrairement sur l’ensemble de leurs semblables, le droit de retirer à ces derniers une portion de leur liberté individuelle, le droit de les faire souffrir en toute impunité.

Partout en Occident, des démocrates ont cherché, parfois au péril de leurs vies, à instaurer le principe de l’égalité fondamentale des hommes entre eux. De surcroît, ils étaient persuadés que seule la collégialité, au moyen de débats et d’échanges de vues, permettait de définir une action qui convenait au plus grand nombre. Ils ont soutenu des institutions mettant ce principe d’impartialité en pratique : le procès par jury, par exemple, de même que l’institution suprême, un parlement. En cours de route vers la mise à effet de la régénération sociale qu’ils avaient en vue, ils ont cependant fait fi de la moitié de l’humanité : leurs mères, sœurs, épouses et filles.

En Occident, des interdits pèsent sur les femmes depuis des millénaires. Pour toutes sortes de raisons dont celle de contrôler leur descendance, les hommes ont eu tendance à considérer les femmes comme leur propriété personnelle. De par leur sexe, celles-ci étaient rangées dans le vaste groupe des êtres humains mis en tutelle selon divers critères de race, de statut social et même de religion. Car tous les êtres « déclassés » devaient supporter une sujétion prétendument voulue par Dieu lui-même. J’en suis venue à croire que le principe religieux n’a été créé et mis au monde que pour justifier la ségrégation. N’est-il pas exclusif par essence? Ne donne-t-il pas préséance et prérogative au groupe des croyants, au détriment des autres?

Chose certaine, c’est grâce aux évêques et aux papes si la sujétion d’une foule d’êtres humains, y compris l’ensemble de la gent féminine, est devenue un dogme indiscutable dans toute la chrétienté... et même, il me semble, dans la plupart des autres Églises du globe. En Occident, il a fallu renverser de tels dogmes pour proclamer l’égalité des hommes entre eux. Les règnes monarchiques despotiques qui se sont édifiés en Europe n’auraient pu durer aussi longtemps, sans la puissance de censément divine à leurs côtés. S’il a fallu des siècles pour remplacer la royauté par le parlementarisme, c’est que le réel ennemi à détrôner était un haut clergé qui ne se privait pas, à une époque où l’athéisme était un crime, de jeter l’anathème sur les fidèles.

Les Églises et le terrifiant pouvoir dictatorial de leurs chefs suprêmes ont servi à cautionner l’asservissement d’une bonne portion de l’humanité, et en premier lieu, celui des femmes. Il faut plonger dans l’histoire pour comprendre à quel point la quête des droits et libertés a été épique, héroïque même, pour la gent masculine; celle qui a fini par s’enclencher pour conférer les mêmes avantages aux femmes l’a été encore davantage. Dans tous les cas, il fallait se battre contre les pseudos préceptes de l’Ordonnateur du monde. Concernant la position des femmes dans la société, cependant, ces préceptes étaient littéralement primordiaux et vitaux pour les hommes d’Église. L’immixtion de ces derniers dans la gestion des affaires de l’État explique la résistance, au Québec notamment, à conférer l’égalité des droits aux femmes.

Dans ce contexte, les femmes devaient se regrouper non seulement pour militer efficacement, mais pour se protéger personnellement des réactions adverses qui n’allaient pas manquer de survenir. C’est ce qu’elles ont fait, surtout à partir du 19e siècle. Tel qu’il s’est construit, leur féminisme est devenu l’un des importants mouvements sociaux visant à combattre les pires interdits et préjugés qui ont trop longtemps miné le « vivre ensemble ». Afin de s’émanciper, tous les groupes sociaux mis en état d’infériorité ont dû faire semblable démarche. C’est donc avec une immense fierté que je m’inclus dans le large groupe des féministes, comme je m’inclus dans celui des démocrates, des défenseurs de l’égalité et de l’équité entre tous les humains. Me qualifier moi-même de féministe, c’est refuser d’intérioriser les insultes séculaires, si souvent et si furieusement lancées contre celles et ceux qui dénoncent et qui réclament.

Le 8 mars 2016

La fresque romanesque patriote d’Anne-Marie Sicotte se décline en deux cycles qui comportent deux tomes chacun. Le premier cycle, soit Le pays insoumis, comprend Les chevaliers de la croix et Rue du Sang. Le second cycle, soit Les tuques bleues, comprend Le charivari de la liberté et Le règne de la canaille. Les deux cycles peuvent se lire indépendamment l’un de l’autre, même si le second constitue la suite du premier, avec la même galerie de personnages et un récit qui poursuit son cours.