Tandis que mon
Histoire inédite des Patriotes vogue dans l’univers
livresque avec un bon vent arrière, je m’attelle à mon
prochain projet. J’ai déjà fait allusion à Louis-Joseph
Papineau qui me chantait la sérénade… C’est ainsi que je
lis, je défriche, j’organise la matière, je compose déjà
même un brin la future biographie. Récemment, je
découvrais le tout premier parlement du Bas-Canada
(1792-1796) où le père de Louis-Joseph est député en
Chambre d’Assemblée. En janvier 1793, des débats houleux
ont lieu entre les députés concernant la langue
officielle des procès-verbaux des séances parlementaires
et, surtout, de la législation. Ces débats sont
exemplaires du clivage qui s’est installé dès la
Conquête, et qui perdure encore aujourd’hui dans
l’esprit de quelques Britons trop bien gourmés.
En Chambre d’Assemblée,
un fragile compromis est atteint. Tout projet de loi
devra être présenté par écrit dans les deux langues dès
la seconde lecture; le texte authentique sera français,
hormis lorsqu’il s’agit de lois criminelles d’Angleterre
et des droits du clergé anglais. C’est un échec pour le
député John Richardson, qui fait valoir que l’unité du
langage légal était indispensable pour unir en une seule
masse « les parties discordantes » d’un empire. « Être
gouvernés par des lois faites dans la langue anglaise
est un droit de naissance de tout sujet britannique, et
aucun pouvoir sur la terre, excepté le Parlement
impérial, ne peut le destituer de ce privilège
inhérent. » Richardson ajoute : « Quiconque affaiblit la
chaîne qui nous lie à la mère patrie, est ou faible ou
méchant. » En 1810, en 1822 ou en 1837, ce sera
exactement la même chanson.
Le député Chartier de
Lotbinière se lève pour une édifiante réplique. La
langue du « plus grand nombre de nos électeurs » prime
sur celle de l’empire. Les « peuples de ce vaste
continent » sont fidèles à leur prince et ils sont
« Anglais par le cœur, avant même d’en avoir prononcé un
seul mot ». Ils sont Anglais, précise-t-il, parce que
l’Acte constitutionnel qui vient de créer des
législatures coloniales pour le Québec et l’Ontario,
leur assure l’usage de tous les droits de citoyens. Il
conclut : « Notre devoir actuel est de rendre justice à
ce bon peuple, et faire nos lois d’une manière à être
entendus de la province entière. »
Le député Gabriel-Elzéar
Taschereau pourfend son collègue Richardson, qui prétend
« nous dicter notre devoir et nous montrer le chemin de
la décence ». Ce serait un esclavage, pour les députés
francophones, que de « passer tous nos bills dans une
langue que nous n’avons pas le bonheur d’entendre et de
parler ». Enfin, pour le député Rastel de Rocheblave, le
bien public « doit toujours être la loi suprême des
représentants du peuple ». Les neuf dixièmes de la
population seraient soumis au reste, ce qui ouvrirait
une « vaste carrière » aux préjugés nationaux « que nous
avons tant d’intérêt de détruire ». Le public y verrait
« des actes de partialité au lieu d’y voir des actes de
justice ».
Le mot de la fin
revient à un jeunot nommé Denis-Benjamin Viger, qui
publie ses réflexions dans la Gazette de Montréal
du 14 mars 1793. Un temps, « l’on a cru qu’il fallait
conformer les peuples conquis aux lois, mœurs, coutumes,
usages et même au langage des conquérants pour être sûr
de leur fidélité ». Or, poursuit-il, « l’expérience a
prouvé incontestablement que les hommes étaient
tellement attachés à ces choses qu’ils ne voyaient, dans
ceux qui les en priveraient, que des tyrans dont ils
chercheraient à secouer le joug arbitraire à la moindre
occasion. » De cette « vieille erreur », selon le jeune
cousin de Louis-Joseph, beaucoup sont déjà revenus.
Prophétique au sujet du « joug arbitraire », il se berce
cependant d’espoir sur l’ouverture d’esprit des
Britons…
Le 15
août 2016
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« Dès
les premières lignes, préambule compris, notre intérêt
monte en crescendo et, page après page, c’est un pur
plaisir de lecture doublé d’un réel enchantement pour
les yeux, car l’auteure a agrémenté son bouquin de
cartes géographiques, extraits de lettres, documents et
par-dessus tout d’un bon nombre de toiles et dessins
d’artistes de l’époque. »
http://baladeschezsue.blogspot.ca,
19 juillet 2016
« Les
personnages autant que les scènes militaires sont
particulièrement évocateurs. Ils mêlent la beauté
insouciante de la nature à une lourde atmosphère
d’intolérance et d’oppression. » Michel Lapierre, Le
Devoir, 19 juin 2016
« Ce
gros pavé se feuillette avec un rare bonheur. C’est un
fabuleux devoir de mémoire qui devrait être sur les
rayonnages de toutes les bibliothèques scolaires. »
Culture Hebdo, 21 mai 2016.
« À
considérer dès maintenant comme une référence
incontournable, poussée, qui nous permet de mieux
comprendre les grands enjeux, fort complexes, de cette
rébellion. »
Jean-Philip Guy, Les Libraires, juin 2016. |