Les accoucheuses
-1: La fierté -
-2: La révolte -
-3: La déroute -

Histoire inédite des Patriotes

Le pays insoumis

Les tuques bleues

Autres roman et nouvelles

Gratien Gélinas

Marie Gérin-Lajoie

Études historiques

 

À lire:
Jasettes archivées

 

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Anne-Marie vous pique une jasette…

Tandis que mon Histoire inédite des Patriotes vogue dans l’univers livresque avec un bon vent arrière, je m’attelle à mon prochain projet. J’ai déjà fait allusion à Louis-Joseph Papineau qui me chantait la sérénade… C’est ainsi que je lis, je défriche, j’organise la matière, je compose déjà même un brin la future biographie. Récemment, je découvrais le tout premier parlement du Bas-Canada (1792-1796) où le père de Louis-Joseph est député en Chambre d’Assemblée. En janvier 1793, des débats houleux ont lieu entre les députés concernant la langue officielle des procès-verbaux des séances parlementaires et, surtout, de la législation. Ces débats sont exemplaires du clivage qui s’est installé dès la Conquête, et qui perdure encore aujourd’hui dans l’esprit de quelques Britons trop bien gourmés.

En Chambre d’Assemblée, un fragile compromis est atteint. Tout projet de loi devra être présenté par écrit dans les deux langues dès la seconde lecture; le texte authentique sera français, hormis lorsqu’il s’agit de lois criminelles d’Angleterre et des droits du clergé anglais. C’est un échec pour le député John Richardson, qui fait valoir que l’unité du langage légal était indispensable pour unir en une seule masse « les parties discordantes » d’un empire. « Être gouvernés par des lois faites dans la langue anglaise est un droit de naissance de tout sujet britannique, et aucun pouvoir sur la terre, excepté le Parlement impérial, ne peut le destituer de ce privilège inhérent. » Richardson ajoute : « Quiconque affaiblit la chaîne qui nous lie à la mère patrie, est ou faible ou méchant. » En 1810, en 1822 ou en 1837, ce sera exactement la même chanson.

Le député Chartier de Lotbinière se lève pour une édifiante réplique. La langue du « plus grand nombre de nos électeurs » prime sur celle de l’empire. Les « peuples de ce vaste continent » sont fidèles à leur prince et ils sont « Anglais par le cœur, avant même d’en avoir prononcé un seul mot ». Ils sont Anglais, précise-t-il, parce que l’Acte constitutionnel qui vient de créer des législatures coloniales pour le Québec et l’Ontario, leur assure l’usage de tous les droits de citoyens. Il conclut : « Notre devoir actuel est de rendre justice à ce bon peuple, et faire nos lois d’une manière à être entendus de la province entière. »

Le député Gabriel-Elzéar Taschereau pourfend son collègue Richardson, qui prétend « nous dicter notre devoir et nous montrer le chemin de la décence ». Ce serait un esclavage, pour les députés francophones, que de « passer tous nos bills dans une langue que nous n’avons pas le bonheur d’entendre et de parler ». Enfin, pour le député Rastel de Rocheblave, le bien public « doit toujours être la loi suprême des représentants du peuple ». Les neuf dixièmes de la population seraient soumis au reste, ce qui ouvrirait une « vaste carrière » aux préjugés nationaux « que nous avons tant d’intérêt de détruire ». Le public y verrait « des actes de partialité au lieu d’y voir des actes de justice ».

Le mot de la fin revient à un jeunot nommé Denis-Benjamin Viger, qui publie ses réflexions dans la Gazette de Montréal du 14 mars 1793. Un temps, « l’on a cru qu’il fallait conformer les peuples conquis aux lois, mœurs, coutumes, usages et même au langage des conquérants pour être sûr de leur fidélité ». Or, poursuit-il, « l’expérience a prouvé incontestablement que les hommes étaient tellement attachés à ces choses qu’ils ne voyaient, dans ceux qui les en priveraient, que des tyrans dont ils chercheraient à secouer le joug arbitraire à la moindre occasion. » De cette « vieille erreur », selon le jeune cousin de Louis-Joseph, beaucoup sont déjà revenus. Prophétique au sujet du « joug arbitraire », il se berce cependant d’espoir sur l’ouverture d’esprit des Britons

Le 15 août 2016

« Dès les premières lignes, préambule compris, notre intérêt monte en crescendo et, page après page, c’est un pur plaisir de lecture doublé d’un réel enchantement pour les yeux, car l’auteure a agrémenté son bouquin de cartes géographiques, extraits de lettres, documents et par-dessus tout d’un bon nombre de toiles et dessins d’artistes de l’époque. » http://baladeschezsue.blogspot.ca, 19 juillet 2016

« Les personnages autant que les scènes militaires sont particulièrement évocateurs. Ils mêlent la beauté insouciante de la nature à une lourde atmosphère d’intolérance et d’oppression. » Michel Lapierre, Le Devoir, 19 juin 2016

« Ce gros pavé se feuillette avec un rare bonheur. C’est un fabuleux devoir de mémoire qui devrait être sur les rayonnages de toutes les bibliothèques scolaires. »
Culture Hebdo
, 21 mai 2016.

« À considérer dès maintenant comme une référence incontournable, poussée, qui nous permet de mieux comprendre les grands enjeux, fort complexes, de cette rébellion. »
Jean-Philip Guy, Les Libraires, juin 2016.