Les accoucheuses
-1: La fierté -
-2: La révolte -
-3: La déroute -

Histoire inédite des Patriotes

Le pays insoumis

Les tuques bleues

Autres roman et nouvelles

Gratien Gélinas

Marie Gérin-Lajoie

Études historiques

 

À lire:
Jasettes archivées

 

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Anne-Marie vous pique une jasette…

Au soir du 25 janvier 1837, le soleil en train de se coucher tire les rideaux d’une scène fabuleuse, celle d’un ciel nocturne illuminé par une aurore boréale qui tient du prodige. Si les Canadiens sont familiers avec une « lumière zodiacale » de couleur argentée, celle-ci est plutôt de couleur rouge, vive et lumineuse, « semblable à celle du fer lorsqu’il est voisin de la chaleur blanche ». Vu dans toute la province, le phénomène a excité « l’admiration, l’étonnement et même la frayeur chez plusieurs, qui n’y ont vu que de funèbres présages ».
    Le journaliste s’évertue à décrire l’étendue des ondulations, les nuances de couleurs, signalant le fait que les étoiles se distinguent derrière les pans diaphanes de l’aurore boréale. À six heures et demie du soir, « l’état des couleurs augmenta, et elle se forma en une espèce d’arc, à peu de choses près perpendiculaire à l’horizon. L’instant d’après, la bande s’élargit vers les extrémités, se rétrécit au centre, et présenta l’apparence de deux pyramides qui se touchent par leur pointes. »
    Une demi-heure plus tard, « la couleur passa tout à coup du rouge au jaune, et du jaune au blanc le plus éblouissant ». L’aurore boréale forma alors une couronne divisée « par larges rayons concentriques, dont les extrémités étaient d’un vert pâle, suivi d’une légère teinte de bleu pourpre, et qui devenaient de plus en plus rouges en se rapprochant du centre, où l’on remarquait une éclatante blancheur. Tous ces rayons étaient de grandeurs inégales. Ce splendide spectacle ne dura pas deux minutes, et les vapeurs qui formaient alors l’aurore boréale, avaient pris une telle densité qu’il était impossible d’apercevoir les étoiles à travers elles. »
    S’émerveillant de « la rapidité des évolutions formées par ce splendide phénomène qui semblait, tantôt se promener indécis dans les cieux, et tantôt s’élancer avec la rapidité de l’éclair », le rapporteur conclut sur « le spectacle imposant qu’il présentait lorsque semblable à un vaste incendie dont les étoiles paraissaient être les flammèches, il colorait de ses teintes vives, inconstantes, les eaux et leurs glaces, de même que les montagnes enveloppées dans leur manteau de neige. »
Les contemporains soulignent un autre fait étonnant : quelques mois plus tôt, c'est-à-dire le 10 octobre 1836, les Européens ont assisté à une aurore boréale du même genre, ainsi que les journaux ont rapporté. Ce qui permet à un journaliste de Québec d’écrire : « Ceux qui n’avaient pas compris la méprise des habitants de quelques villes de France doivent la comprendre maintenant, car il est peu de personnes qui n’aient cru d’abord qu’il venait d’éclater un vaste incendie dans quelque partie de notre ville. »
    En attendant l’explication scientifique d’un semblable prodige météorologique, il est possible de voir comment un témoin habitant Québec l’a représenté. Je vous l’offre comme une carte de vœux pour Noël et pour le Nouvel An.

Sources : Le Canadien, 27 janvier 1837, et La Minerve, 30 janvier 1837.
Illustration : George St. Vincent Whitmore, mikan 2834647, Bibliothèque et Archives Canada.


Le 2 décembre 2014

 

La fresque romanesque patriote que je signe actuellement se décline en deux cycles qui, au final, comporteront deux tomes chacun. Le premier cycle, soit Le pays insoumis, comprend Les chevaliers de la croix et Rue du Sang; il est publié par VLB éditeur. Le second cycle aux Éditions Fides, intitulé Les tuques bleues, s’ouvre avec Le charivari de la liberté; le deuxième et dernier tome est à venir. Le charivari de la liberté a été écrit de manière à se lire indépendamment du cycle qui précède, même s’il en constitue la suite, avec la même galerie de personnages et un récit qui poursuit son cours. N’hésitez pas à plonger dans l’univers du Charivari, quitte à revenir par après au Pays insoumis, là où les personnages principaux amorcent leur destinée tout en prenant la mesure d’un pays souillé par l’arbitraire et le mépris de justice.