Pleutre et souffre-douleur, le peuple canadien d’antan?
Plus se rehausse mon savoir historique, plus j’admire, au
contraire, son courage exemplaire devant l’adversité. J’en viens
à croire que sa survie est un miracle de ténacité. Pendant la
première moitié du 19e siècle, les Canadiens parlant français
ont résisté à l’implacable volonté de leurs nouveaux maîtres,
ces arrogants Britanniques au pouvoir dans la colonie, de les
délester de tout ce qui constituait leur identité sociale et
culturelle – langue, coutumes, pratique religieuse et par-dessus
tout, leur idéal de justice et de droits égaux. Les Rébellions
ne constituent que la pointe d’un gigantissime iceberg…
En preuve, voici une citation du Montreal Herald, gazette
qui porte l’intolérance raciale en étendard; un des innombrables
et douloureux coups de butoir ayant accablé les Canadiens. Ce 13
novembre 1838, alors que l’armée anglaise pourchasse les
patriotes entre le fleuve Saint-Laurent et la frontière
américaine, que des incendies sont allumés partout et que des
familles entières sont dépouillées et expulsées de leurs logis,
le rédacteur du Herald écrit : Pour avoir la paix avec
les rebelles, il faut que nous fassions une solitude – il faut
les balayer de la surface de la terre. L’histoire du passé
prouve que rien moins que la disparition de la nation canadienne
de la terre et la réduction en poussière de leurs habitations ne
pourra prévenir de nouvelles rébellions.
Le journaliste persiste et signe, tel que traduit dans Le
Canadien du 16 novembre : Les Canadiens des districts
rebelles dont les maisons ont été livrées aux flammes et qui ont
échappé à la balle, à la baïonnette ou à la prison, sont
destinés à périr dans les bois, car ils ne peuvent attendre
d’assistance aux États-Unis; dans les districts tranquilles,
quelque désir qu’aient leurs compatriotes de les assister, la
crainte d’être considérés impliqués dans l’insurrection aura
plus d’influence que la sympathie. Le châtiment infligé a été
très sévère, mais ce n’est pas assez. La pendaison de 20 chefs
aura plus d’effet que de tuer 200 hommes dans l’action, et s’il
en doit échapper à la potence, ils devraient être condamnés au
travail forcé et enchaînés ensemble, employés à macadamiser l’isle
de Montréal.
À la limite, pour manifester des semblables sentiments, il faut
avoir terriblement souffert. Voilà tout l’art de la faction
enfiévrée du Bas-Canada : avoir réussi à le faire croire jusqu’à
présent!
Le 7 octobre 2014 |

La fresque romanesque
patriote que je signe actuellement se décline en deux
cycles qui, au final, comporteront deux tomes chacun. Le
premier cycle, soit Le pays insoumis, comprend Les
chevaliers de la croix et Rue du Sang; il est publié par VLB éditeur. Le second cycle aux Éditions Fides,
intitulé Les tuques bleues, s’ouvre avec Le charivari de
la liberté; le deuxième et dernier tome est à venir. Le
charivari de la liberté a été écrit de manière à se lire
indépendamment du cycle qui précède, même s’il en
constitue la suite, avec la même galerie de personnages
et un récit qui poursuit son cours. N’hésitez pas à
plonger dans l’univers du Charivari, quitte à revenir
par après au Pays insoumis, là où les personnages
principaux amorcent leur destinée tout en prenant la
mesure d’un pays souillé par l’arbitraire et le mépris
de justice. |