Anne-Marie
vous pique une jasette…
Soyez fiers de vous habiller de la toison de vos troupeaux et de
la dépouille de vos champs...
Une véritable campagne d’achat local se déploie en 1837. Dans le
but de réduire les entrées d’argent dans les coffres publics
afin de réduire le pouvoir des despotes, il devient impératif de
bannir l’achat de produits grevés de droits de douane,
c'est-à-dire légalement importés. Ce mouvement de
non-consommation de produits taxés n’a-t-il pas réussi aux
citoyens des États-Unis, un demi-siècle plus tôt, puisqu’il les
a conduit à l’indépendance?
Louis-Joseph
Papineau lui-même avait donné l’impulsion initiale dans la
foulée de la violente élection de l’automne 1834. Dans
son Adresse de remerciement à ses électeurs, il écrivait alors :
N’achetez que de vos amis; invitez le commerçant de la campagne
et le cultivateur à n’acheter que de vos amis. Soyez assurés que
ces moyens continués pendant quelques temps, suffiront avec
l’opposition constitutionnelle que vos représentants feront à un
gouvernement corrompu, pour le voir bien vite remplacé par celui
que vous avez demandé…
Trois ans plus tard,
alors que le peuple Canadien est jeté dans la nécessité d’une
défense légitime, la campagne de non-consommation prend son
véritable essor. D’une assemblée à l’autre, les habitants
patriotes optent pour la désobéissance. Partout, on s’engage à
tarir le revenu en s’abstenant de consommer rhum, brandy,
genièvre, vins, thés, sucres, tabacs, toiles et cotons, ainsi
qu’à encourager les produits locaux ou introduits en
contrebande, à défaut de s’en abstenir.
Dans plusieurs
comtés sont fondées des associations contre l’importation. Le
manifeste du comté de Richelieu est édifiant. Nous, les
soussignés, en attendant que le pays repousse autrement
l’oppression, nous nous engageons solennellement à observer
fidèlement les promesses ci-dessous. S’abstenir de consommer
alcools, tissus divers, cuirs, produits comestibles, parfums et
n’importe quel article d’agrément, afin de ne pas porter les
livrées de la servitude. Pour encourager les manufactures
locales, ne plus nous habiller qu’avec des produits du pays,
ne plus boire et manger que des aliments et des boissons qui
sont du cru du pays, ne plus meubler nos maisons qu’avec des
produits canadiens…
Radicale, cette
guerre à l’importation? Chose certaine, nos ancêtres patriotes
l’ont jugée essentielle. Les Rébellions de 1837 et 1838
s’expliquent aussi par un désir des conquérants de la tuer dans
l’œuf, car elle avait trop de succès… Tout cela m’amène, en
guise de conclusion, à vous parler d’aujourd’hui. Une aimable
campagne est en train de se dérouler du côté des livres écrits
et produits au Québec. Ces derniers subissent l’assaut
d’ouvrages importés; librairies, médias et autres chaînons de
l’industrie culturelle les relèguent trop souvent aux
oubliettes. Or, son identité, il faut la faire voir et entendre.
À soi-même comme aux autres!
Toute l’information
à :
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/arts_et_spectacles/2014/08/07/002-achat-livres-quebecois.shtml
Le 7 août 2014
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